Restaurons la salle des étains et ses voûtes polychromes !

La salle des étains se trouve dans l’ancien hôpital sur l’île Saint-Laurent, fondé en 1530 pour accueillir les “pauvres malades”. Ponctuellement, l’hospice a également nourri les indigents de la ville, lorsque la mendicité devenait très importante à Chalon-sur-Saône. On suppose que les sœurs de Sainte-Marthe ont distribué des repas dans cette salle, située au bout d’une galerie voûtée qui débutait à l’ancienne entrée principale (côté Saône) et desservait les salles des malades, les cuisines et le réfectoire des sœurs. La salle est garnie de bancs-coffres avec des boiseries datant de la fin du XVIIème siècle.

Vue de la façade côté Saône, avec au centre l’ancien accès principal conduisant à la salle des étains. Photographie de Pettiot-Groffier, épreuve albuminée, vers 1850, musée Nicéphore Niépce

Dans les années 1950, la salle a été réaménagée pour accueillir l’importante collection d’étains utilisée autrefois à l’hôpital. Chalon-sur-Saône a accueilli dans ses murs plusieurs maîtres potiers remarquables (Clément Mure, Claude Adam) dont le travail peut être apprécié encore aujourd’hui grâce à cette collection. Elle contient des ustensiles concernant l’alimentation (assiettes, écuelles à oreilles, chauffe-assiettes, plats, pichets, gobelets…) et les soins (bouillottes, seringues, clystères…). On utilisait l’étain dans les institutions hospitalières pour sa légèreté, sa solidité et son faible coût, et ce jusqu’au XXème siècle. Dans cette pièce étaient aussi accrochés des ustensiles en cuivre rouge et en cuivre jaune (XVIII-XIXe siècles).

Une réalisation du maître potier Clément Mure, de la fin du XVIIème siècle : le pichet de vin conjugue commodité et élégance avec le sculptage d’une tête de cygne sur sa anse

Les étains étaient exposés dans un grand meuble (long de plus de 6 mètres) caractéristique du mobilier hospitalier puisqu’il combine trois fonctions : vaisselier, garde-manger et armoire à linge. Ce meuble est classé Monuments Historiques, notamment, grâce à ses importantes dimensions qui font de lui le plus grand meuble de ce type que l’on puisse admirer en Bourgogne.

Le grand meuble, au temps où il était situé dans les cuisines. Carte postale de 1932

Des collections aujourd’hui invisibles !

         

L’état actuel de la salle fait suite à la première série de travaux effectuée en 2016. Cette année-là, on constate une infestation de moisissures et de champignons sur les voûtes. Cette infestation, qui venait d’une infiltration dans la toiture, a également endommagé les boiseries et le mobilier de la salle. L’infiltration dans la toiture a été dans un premier temps colmatée et réparée. Ensuite, le service Architecture et Patrimoine et les Ateliers municipaux ont mené une intervention plus pérenne, en plusieurs étapes :

– Une mesure du climat pour réaliser une étude précise des conditions environnementales, qui a abouti à la mise en place d’une ventilation efficace ;

– Le déménagement des collections dans le réfectoire des Soeurs, après identification dans l’inventaire, dépoussiérage et emballage ;

– Le traitement antifongique des maçonneries avec un moindre apport d’humidité, des locaux adjacents pour éviter une réinfestation, des boiseries (après dépoussiérage)

– La protection des objets métalliques et des ferrures.

Ces premiers travaux ont révélé l’existence d’un décor de faux appareil rose sur les arêtes des voûtes qu’il s’agirait de restaurer, afin que la salle et sa galerie contigu retrouvent leur splendeur originale. Ce type de décor a été retrouvé dans d’autres édifices de la région, comme le château Pontus de Tyard à Bissy-sur-Fley. A l’issu des travaux, les collections pourront à nouveau être visibles et la muséographie de la salle repensée. On estime au total un coût de 62 000 € HT.

L’association Abigaïl Mathieu lancera en septembre 2019 une souscription publique, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine et la ville de Chalon-sur-Saône, pour financer ces opérations. La collecte s’effectuera sur le site internet de la Fondation du Patrimoine ou bien directement auprès de l’association grâce aux bons de souscription distribués sur le territoire du Grand Chalon*.

 

*La Fondation du Patrimoine créée par la loi du 2 juillet 1996, a été reconnue d’utilité publique par décret du 18 avril 1997. Le versement d’un don à cet organisme permet de bénéficier d’un reçu fiscal. Pour les particuliers, le don est déductible de l’impôt sur le revenu à hauteur de 66% du don et dans la limite de 20% du revenu imposable. Pour les entreprises, la réduction d’impôt est de 60% du don, dans la limite de 5% du chiffre d’affaire HT.